3

Kersten s’étonnait du calme de Masur ou tout au moins de l’apparence parfaite qu’il en donnait. Il étudiait ses dossiers, prenait des notes, approfondissait les détails, préparait les arguments pour la discussion. Pourtant, il se trouvait dans un pays où sa qualité raciale était un crime capital, en pleine crise de débâcle, d’hystérie, de folie, où les instincts les plus sauvages étaient portés au paroxysme et où, Juif étranger introduit en fraude, il était à la merci d’un revirement, d’une peur, d’un caprice de Himmler.

Le docteur, lui, qui était garant et responsable de la vie de Masur, avait beaucoup de mal à contrôler ses nerfs. Il éprouvait dans tout son corps le besoin de sommeil, de repos, mais se sentait incapable de rester en place. Tantôt il parlait avec Masur, tantôt il allait prendre quelque nourriture, tantôt il regardait Élisabeth Lube achever les préparatifs de leur voyage.

Ils devaient partir pour Stockholm dès le lendemain, après l’entrevue avec Himmler. La vieille amie du docteur s’acquittait de sa tâche avec l’efficacité, la dignité, qui avaient défini toute son existence.

Elle savait pourtant, comme Kersten lui-même, que c’était son dernier labeur en ce lieu et qu’ils ne reverraient plus jamais le domaine enchanté.

La marée russe était sur le point d’envahir la maison, les prés, les champs, les bois de Hartzwalde et ne les rendrait pas. Cela, le docteur l’avait compris et accepté depuis longtemps.

La seule crainte qu’il éprouvait durant ce dernier séjour était qu’une percée imprévue des armées rouges ne le surprît dans sa propriété comme dans un piège mortel. Car il était né en Estonie, maintenant territoire de l’Union Soviétique. Il avait porté les armes contre elle, en 1919, comme officier finlandais. Enfin, il avait été officiellement le médecin de Himmler. Assurément, il avait pu sauver ainsi beaucoup de victimes. Mais, sauf quelques initiés très rares, qui donc le savait ?

Le docteur allait d’une pièce à l’autre, s’attardait devant un beau meuble ancien, un velours adouci par les siècles, une toile de vieux maître flamand. Toutes ces richesses étaient perdues pour lui sans retour. Il ne pourrait plus en réunir de semblables. Il approchait de la cinquantaine : le temps des grandes récoltes était passé.

Mais Kersten ne souffrait pas de cette certitude. Il n’avait qu’un souhait, il ne demandait qu’un présent à la vie : quitter définitivement l’asile de fous où il avait été enfermé depuis cinq ans, oublier les uniformes S.S., les sbires de la Gestapo, les crampes de Himmler, la syphilis de Hitler, les reflets, les échos des tortures, des supplices, des déportations, des exécutions et, ayant enfin achevé la tâche vers laquelle l’avait conduit un hasard stupéfiant, retrouver les journées et les nuits normales, paisibles, ordonnées, laborieuses, les seules pour lesquelles il était fait.

Oh ! si seulement Himmler était déjà venu et reparti. Et ensuite – le petit appartement de Stockholm avec Irmgard, les trois garçons, Élisabeth Lube… le paradis.

L’obscurité enveloppa Hartzwalde. Peu à peu, dehors, se fit le silence. Les bêtes dormaient à l’écurie, à l’étable et les volailles dans la basse-cour. Les Témoins de Jéhovah s’étaient retirés dans les dépendances pour lire la Bible, prier, rêver aux fauteuils d’or où siègent les saints, près du Seigneur.

À l’intérieur de la maison, il n’y avait qu’Élisabeth Lube, Masur et Kersten. Les heures s’étiraient, interminables. Le docteur interrogeait sans cesse sa montre.

La fatigue, l’attente, la conscience de ses responsabilités avaient mis ses nerfs à vif. Pour un instant, il se laissa aller aux pires craintes. Himmler ne viendrait pas. Il avait changé de sentiment. Ou bien il avait été blessé, tué, par un de ces innombrables avions alliés qui, sans cesse, dans un carrousel infernal, mitraillaient toutes les routes, tous les carrefours. Ou bien Hitler lui avait confié une mission imprévue, urgente. Ou encore l’avait fait arrêter. Tout était concevable quand tout se décomposait.

Kersten regarda Élisabeth Lube. Il lui sembla surprendre dans l’expression de son visage un sentiment d’angoisse. Le docteur alla tisonner le feu qui crépitait dans la grande cheminée. Puis il s’obligea à ne penser à rien.

Des heures passèrent encore.

Enfin on entendit le bruit d’une automobile qui s’arrêtait devant le perron. Kersten courut dehors.

Himmler sortit de sa voiture, revêtu de son plus bel uniforme et couvert de décorations. Il arrivait directement du dîner donné pour l’anniversaire du Führer.

Brandt et Schellenberg l’accompagnaient. Ils avaient été retardés par les mouvements des troupes qui encombraient le chemin et arrêtés par les avions alliés qui, en rase-mottes, mitraillaient les colonnes et les convois. Plus d’une fois, le Reichsführer et ses compagnons avaient dû chercher refuge dans un fossé.

Kersten pria Schellenberg et Brandt de pénétrer dans sa demeure, mais il retint Himmler dehors. Il tenait à influer sur ses dispositions. À présent que la rencontre avec Masur était une question de secondes, le docteur éprouvait une inquiétude aiguë : quels seraient, devant le délégué des Juifs, les réflexes d’un homme qui, durant toute sa vie, n’avait montré pour eux qu’exécration et horreur et avait employé toute sa puissance à les exterminer ?

— Reichsführer, dit Kersten, je vous prie, en vous souhaitant la bienvenue sous mon toit, de considérer que M. Masur est également mon hôte. Mais ce n’est pas à ce titre surtout que je vous demande de vous montrer amical envers lui et généreux pour ses requêtes. Le monde entier a été indigné des traitements infligés par le IIIe Reich à ses prisonniers politiques. C’est la dernière chance que vous avez de montrer qu’il n’en est plus ainsi et que l’Allemagne est de nouveau capable d’humanité.

Dans la douce pénombre, au cœur d’un beau domaine, chaque inflexion de cette voix qu’il connaissait si bien apaisait et rassurait Himmler, après les hasards et les périls de la route.

— Soyez sans inquiétude, dit-il au docteur. Je viens ici pour enterrer la hache de guerre.

Kersten fit alors entrer Himmler dans la maison et le conduisit jusqu’à la pièce où, seul, attendait Masur. Le docteur fit les présentations. Il dit :

— Le Reichsführer Heinrich Himmler… M. Norbert Masur, délégué du Congrès Juif Mondial.

Les deux hommes s’inclinèrent légèrement.

— Bonjour, dit Himmler avec amabilité. Je suis content de votre venue.

— Je vous remercie, dit Masur d’un ton neutre.

Il y eut un silence. Mais il ne fut pas assez prolongé pour établir une gêne, une tension. Schellenberg et Brandt revinrent. Élisabeth Lube parut avec le thé, le café, les gâteaux que Kersten avait apportés de Suède. Elle installa tout sur la table. Les cinq hommes s’assirent.

La familiarité des gestes, l’insignifiance des propos, le tintement des ustensiles, tout banalisait, humanisait la scène. Kersten et Masur se trouvaient face à face Masur buvait du thé, Himmler, du café. Il n’y avait entre eux que des petits pots de beurre, de miel, de confiture, des assiettes qui portaient des tranches de pain bis et des gâteaux.

Mais, en vérité, six millions d’ombres, six millions de squelettes séparaient les deux hommes. Masur n’en perdait pas le sentiment un instant, lui qui, par les organisations auxquelles il appartenait, avait connu et suivi pas à pas le martyre sans égal, sans précédent, des hommes, des femmes, des enfants juifs.

À Paris, à Bruxelles, à La Haye, à Oslo, à Copenhague, à Vienne, à Prague, à Budapest, à Sofia, à Belgrade et Varsovie et Bucarest et Athènes et Vilno et Reval et Riga et dans toutes les cités, tous les villages des pays où ces villes servaient de capitales, et puis en Russie blanche et en Ukraine et en Crimée – partout, de l’océan Polaire jusqu’à la mer Noire, s’étaient déroulées les mêmes étapes du supplice : étoile jaune, mise hors la loi commune, rafles atroces dans la nuit ou le jour levant, convois interminables où voyageaient ensemble les vivants et les cadavres, et les camps, la schlague, la faim, la torture, la chambre à gaz, le four crématoire.

Voilà ce que personnifiait et incarnait pour Masur l’homme assis en face de lui, de l’autre côté de la table aimablement garnie, l’homme chétif, aux yeux gris sombre protégés par des verres sur monture d’acier, aux pommettes mongoloïdes, l’homme en grand uniforme de général S.S. et constellé de décorations dont chacune représentait la récompense d’un crime.

Mais lui qui avait imposé impitoyablement le port de l’étoile, donné le signal des rafles, payé les délateurs, bourré les trains maudits, gouverné de haut tous les camps de mort, commandé à tous les tourmenteurs et à tous les bourreaux, lui, il était parfaitement à l’aise. Et même il avait bonne conscience.

Ayant bu son café, mangé quelques gâteaux, il essuya proprement ses lèvres avec un napperon et passa à la question juive sans embarras aucun.

Il y prit même du plaisir. Ce n’était pas sadisme chez lui. Il n’en avait point. Mais il pouvait assouvir de la sorte – et les occasions se faisaient de plus en plus rares – son besoin de faire un cours, de parler en paragraphes et alinéas bien ordonnés, sentencieux, – bref, son pédantisme.

Lourdement, dogmatiquement, il reprit devant Masur les enseignements que les nazis professaient depuis un quart de siècle. Certes, il n’usa pas de la violence et de la grossièreté dont Kersten l’avait entendu si souvent se servir. Himmler se conduisait à sa table en homme de bonne compagnie. Mais il n’oublia aucun des thèmes de l’antisémitisme le plus éculé.

Le discours dura longtemps. Souvent, tandis que Himmler parlait, de plus en plus satisfait de lui-même, Kersten jetait un regard inquiet sur Masur. Mais, chaque fois, il ne put qu’admirer le sang-froid de cet homme. Très calme, avec une sorte de patience méprisante, Masur écoutait.

Himmler en était venu aux Juifs d’Europe orientale.

— Ceux-là, dit-il, ont aidé contre nous les partisans et les mouvements de Résistance. Ils ont tiré sur nos troupes, de leur ghettos. En plus, ils sont porteurs d’épidémies comme le typhus. C’est pour contrôler ces épidémies que nous avons bâti les fours crématoires. Et, maintenant, on menace de nous pendre pour cela !

Une fois de plus, Kersten regarda Masur et prit peur. Les traits du délégué juif s’étaient contractés. Le docteur voulut intervenir. Mais Himmler, tout à sa leçon, poursuivait :

— Et les camps de concentration ! On devrait les appeler camps d’éducation. Grâce à eux, l’Allemagne a eu, en 1941, sa criminalité la plus basse. Bien sûr, les prisonniers doivent y travailler durement. Mais c’est ce que font tous les Allemands.

— Je vous demande pardon, dit brusquement Masur – son visage et sa voix montraient qu’il ne pouvait plus se contenir davantage – vous ne pouvez pas nier tout de même que, dans ces camps, on a commis des crimes contre les détenus.

— Oh ! je vous l’accorde : il y a eu parfois des excès, dit gracieusement Himmler, mais…

Kersten ne le laissa pas continuer. Il voyait, à l’expression de Masur, qu’il était temps de rompre ce débat inutile et qui prenait un tour dangereux. Il dit :

— Nous ne sommes pas ici pour discuter du passé. Notre véritable intérêt consiste à voir ce qui peut être sauvé encore.

— C’est juste, dit Masur au docteur.

Puis à Himmler :

— Ce qu’il faut, pour le moins, c’est que tous les Juifs qui restent encore en Allemagne soient garantis dans leur existence. Et ce qui serait mieux encore, c’est qu’ils soient tous libérés.

Un long débat s’engagea. Schellenberg et Brandt y prirent part. Mais pas tout le temps. Tantôt ils sortaient et tantôt revenaient, selon les concessions plus ou moins secrètes que Himmler entendait consentir. Une fois même, Masur dut quitter la pièce. Le Reichsführer ne voulait avoir que Kersten et Brandt pour confidents.

Dans ces entretiens de la dernière heure, il montrait une seule crainte : que Hitler fût averti. Et pourtant, inspiré, poussé par Schellenberg, il pensait, depuis plusieurs jours déjà, à s’emparer du pouvoir afin de signer une convention d’armistice avec les Alliés. Mais, indécis, tatillon et terrorisé par le maître qu’il trahissait dans son agonie, comme il l’avait été par lui au temps de sa toute-puissance, Himmler marchandait, trichait sur sa signature.

Il retirait des noms d’une liste libératrice, en disant à Brandt ou à Schellenberg :

— Ceux-là, vous les ajouterez vous-même.

Il accordait la sortie immédiate du camp de Ravensbrück à mille prisonnières israélites, mais il s’écriait :

— Surtout ne les faites pas inscrire comme Juives, mais comme Polonaises.

Enfin, sur les instances de Kersten qui voyait aboutir ses efforts et de Schellenberg qui devait partir avec Himmler vers l’une des suprêmes négociations fiévreuses, confuses et désespérées, pour essayer de mettre fin au pouvoir du dément dans son abri, le Reichsführer prit devant Masur les engagements que celui-ci était venu chercher au nom du Congrès Mondial Juif.

 

Les Mains du miracle
titlepage.xhtml
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_047.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_048.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_049.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_050.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_051.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_052.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_053.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_054.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_055.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_056.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_057.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_058.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_059.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_060.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_061.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_062.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_063.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_064.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_065.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_066.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_067.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_068.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_069.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_070.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_071.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_072.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_073.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_074.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_075.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_076.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_077.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_078.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_079.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_080.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_081.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_082.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_083.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_084.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_085.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_086.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_087.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_088.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_089.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_090.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_091.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_092.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_093.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_094.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_095.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_096.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_097.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_098.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_099.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_100.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_101.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_102.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_103.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_104.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_105.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_106.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_107.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_108.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_109.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_110.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_111.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_112.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_113.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_114.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_115.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_116.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_117.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_118.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_119.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_120.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_121.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_122.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_123.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_124.html
Kessek,Joseph-Les Mains du miracle(1960).French.ebook.AlexandriZ_split_125.html